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Le petit monde de balbc

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17 juin 2011

Silence ! I kill you !

Depuis quelques années maintenant, je suis titulaire d’un Doctorat en Biologie. La Biologie vous savez, du grec bios (βιος) et logos (λογος), la science de la vie… Et pourtant ce qui a longtemps retenu mon attention c’est la mort, la mort au coeur du vivant, le suicide cellulaire indispensable dont tout organisme est le théâtre. Du coup, je me suis dit que c’était peut-être une bonne idée de parler un peu de ça par ici, parce que cette notion de suicide cellulaire n’est pas forcément quelque chose de connu. Personnellement, je me souviens avoir découvert cette notion en Maitrise (à l’époque où le Master I n’existait pas encore…) (mais où l’électricité si quand même), j’avais été vraiment fascinée par ce phénomène, et c’est ce qui a orienté par la suite mes choix de thématique de recherche (et c’est toujours le cas d’ailleurs).

L’idée que la mort est essentielle au fonctionnement normal et physiologique des organismes pluricellulaires s’est imposée assez tard dans les consciences scientifiques. Cependant, dès l’Antiquité, Galien avait remarqué que certaines structures étaient amenées à disparaître au cours du développement. Il avait ainsi observé que le canal artériel (qui permet la circulation directe du sang entre l’artère pulmonaire et l’aorte sans passer par les poumons fœtaux), avait une existence transitoire et disparaissait à la naissance. Bien évidemment, Galien ne parlait pas encore de mort cellulaire…. parce que le concept de cellule n’existait pas encore. Quelques années après (de nombreuses en fait), et presque immédiatement après la « découverte » de la cellule en 1839 par Schleiden et Schwann, les travaux de Vogt sur la métamorphose des amphibiens permirent d’introduire la notion de mort cellulaire (le monsieur regardait la métamorphose des têtards et plus particulièrement la régression de leur queue lorsque ceux-ci se transforment en princes charmants crapauds) (hum…)*

Le phénomène de mort cellulaire fut étudié pendant un siècle entier avant qu’une explication satisfaisante de sa fonction ne soit donnée. Si l’observation de la mort cellulaire pendant le développement embryonnaire conduisit certains scientifiques à la définir comme un évènement programmé, d’autres la considérèrent comme une réponse totalement passive de la cellule à des dommages externes.

En 1972, Kerr, Wyllie et Currie proposèrent une théorie de la mort cellulaire qui allait réconcilier les deux écoles de pensées. Ils définirent ainsi la nécrose comme une mort violente et accidentelle initiée par des stimuli environnementaux (brûlure, coupure, exposition à certains agents toxiques) et résultant en une désorganisation rapide de l’équilibre cellulaire (homéostasie). Par opposition, ils désignèrent sous le terme d’apoptose une mort cellulaire programmée et hautement régulée. Du terme grec désignant la chute naturelle des feuilles à l’automne (oui c’est terriblement romantique en fait…), l’apoptose vint alors compléter avec la mitose et la croissance cellulaire les grandes fonctions physiologiques de la cellule.

La mort cellulaire programmée (MCP) joue un rôle capital tout au long de la vie de l’individu. Ainsi, dès les premières étapes de la vie, elle est impliquée dans la sculpture de l’embryon (l’apparition des doigts notamment est due à l’apoptose des cellules qui constituent les espaces interdigitaux et donnent un aspect « palmé » aux mains de l’embryon en développement), dans le développement de son système immunitaire ou encore de son système nerveux. La MCP va ensuite jouer le rôle de gardien de l’homéostasie cellulaire. La dérégulation de la mort cellulaire est un facteur déterminant dans de très nombreuses pathologies. Un défaut d’apoptose (c’est à dire des cellules qui devraient mourir mais refusent de le faire) est en effet à l’origine du développement de très nombreux cancers et de certaines maladies auto-immunes, tandis qu’un excès d’apoptose peut produire des pathologies comme le SIDA, lié dans ce cas précis à une disparition accrue des lymphocytes T CD4+.

Il existe de nombreuses classifications de la mort cellulaire programmée prenant en considération des critères aussi divers que la morphologie générale des cellules mortes, la morphologie plus spécifique du noyau, l’implication de telles ou telles protéases (des enzymes qui ont pour rôle de découper les protéines structurales de la cellule en petits morceaux et in fine de la démanteler), les voies de signalisations intracellulaire impliquées.

Différentes voies de mort coexistent au sein d’une même cellule et peuvent interagir de façon sophistiquée, et c’est en fait une chance pour nous, parce que si l’une des voies est inhibée pour une raison quelconque (une mutation qui rend non-fonctionnelle une des protéines participant à l’exécution de l’apoptose par exemple) une autre pourra être activée et, en définitive, la cellule qui était destinée à mourir mourra effectivement.

Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui, la prochaine fois (si les gens ne se sont pas jetés par la fenêtre en lisant ce looooooong post) je vous raconterai comment la cellule fait pour se suicider.

😀

Bonus track: le titre fait référence à ça juste en dessous, et si vous ne connaissez pas encore Jeff Dunham regardez !! c’est TERRIBLE!


*toute ambiguïté dans cette phrase ne serait que malencontreux hasard indépendant de ma volonté. (ah ah)

Posted In: Science · Tagged: Apoptose, science

Comments

  1. Bao says

    17 juin 2011 at 18 h 16 min

    Hyper interessant 🙂 je me coucherai moins stupide ce soir. La petite sœur de Clémentine (Azhénore) travaille précisément sur ce sujet de mort cellulaire afin de trouver une protéine qui sait faire mourrir des cellules et de (potentiellement) guérir des cancers… je ne m’y connais pas, mais je trouve ces sujets hyper passionnants

    Répondre
  2. chaline says

    17 juin 2011 at 19 h 12 min

    Pourquoi c’était pas toi ma prof de bio ? Au moins j’aurais compris (mais j’aurais jamais su qu’une première fois pouvait rendre frigide, mais bon …)
    Et j’adore le mot homéostasie !!!
    Et je veux la suite du suicide !!! 🙂

    Répondre
  3. annouchka says

    17 juin 2011 at 19 h 19 min

    Ouh c’est sérieux tout ça 🙂
    je vais mettre mes lunettes, je me sers un verre de vin et je reviens lire tout ça tranquillement !!

    Répondre
  4. annouchka says

    17 juin 2011 at 20 h 30 min

    J’ai rien compris 🙂 J’ai honte !
    Mais bon, j’ai bu un verre de vin cul sec et j’ai fait un bac littéraire…

    Répondre
  5. annouchka says

    17 juin 2011 at 21 h 44 min

    (mais je suis pas alcoolo hein, je précise) Non parce que bon, mes commentaires font croire que…

    Répondre
  6. Camille says

    17 juin 2011 at 22 h 17 min

    CONTINUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUE!
    Wha, putain, j’adorais ça, en terminale (oui, quoi, c’est un peu moins avancé que toi, mais bon, hein..) et je me suis vachement posé la question de si je continuais dans cette voie là après.
    Bon, finalement j’ai décidé que y’avait pas assez de laisser aller et de créativité dans la génétique (oui en fait ce qui me passionnait c’était la vie des chromosomes, moi), et voilà, mais JE VEUX QUE TU CONTINUES À PARLER D’APOPTOSE.

    Répondre
  7. KRiSS says

    17 juin 2011 at 22 h 52 min

    Oh lala j’adore ça quand tu te mets à nous expliquer des sujets qui te passionnent!
    J’ai hâte de découvrir la suite

    ..mais je crois que si je réfléchis trop ça va me faire broyer du noir cette histoire de mort indispensable
    Mais on va dire que c’est beau d’accord?

    Aaaaanne il te reste du vin? ^^

    Répondre
  8. Benoit says

    17 juin 2011 at 23 h 17 min

    +1 pour l’histoire du suicide de la cellule
    +1 pour le verre de vin, si tu veux j’apporte une bouteille…

    Répondre
  9. Malinois says

    17 juin 2011 at 23 h 23 min

    Pour avoir du succès, une cellule doit mourir… T’as des projets ?

    Répondre
  10. Bouriquete says

    20 juin 2011 at 10 h 18 min

    J’adore…
    Ce serait pas plus simple d’acheter des bouteilles et de se retrouver autour de Balbc pour l’écouter?
    Bizarre mes initiales sont MCP … mort cellulaire programmée hum…

    Répondre
  11. balbc says

    20 juin 2011 at 17 h 07 min

    j’aime bien l’idée de l’apéro/apoptose !
    🙂

    Répondre
  12. Lilith says

    20 juin 2011 at 21 h 33 min

    J’ai toujours été nulle en science. Si seulement les profs au collège avaient su être aussi intéressants que toi!

    Répondre
  13. Billou says

    22 juin 2011 at 13 h 17 min

    enfin un post intéressant !!! ^_____^

    Répondre

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