Je n’ai jamais vraiment eu le sentiment d’appartenir à une famille, d’être l’enfant ou la sœur de quelqu’un. Les liens du sang, du ventre n’ont que peu de sens pour moi, sans doute parce qu’ils impliquent des notions fortes d’amour, de soutien, de bienveillance, des notions de protection voire même de secours que je ne connais pas. Que je ne connais pas dans ma famille en tout cas. Ce n’est pas dramatique, c’est juste parfois douloureux. C’est douloureux à Noël, aux anniversaires, à la fête des mères… C’est effrayant aussi parfois. Ne pas avoir le soutien des siens dans les moments difficiles, quand la vie est aussi sympathique qu’un clown tueur venu de l’espace, ça a un petit côté terrifiant quand même. Ces dernières années m’auront appris cela, les liens qui unissent les membres d’une même famille sont parfois terriblement fragiles, si lâches et si distendus qu’ils en paraissent même inexistants.
Je sais qu’il n’existe pas d’amour ou de soutien inconditionnel, que sortir d’un même ventre ne signifie pas forcément former une famille. C’est une vérité que j’ai apprise au sein « des miens » et c’est une vérité qui me fait d’autant plus chérir l’amitié.
L’amitié, la confiance, l’amour que choisissent de partager avec vous certaines personnes est un privilège… C’est un privilège qui résulte d’une envie sincère et désintéressée, d’une volonté de faire partie de la vie de l’autre. Je crois sincèrement que l’amitié se mérite et n’est en aucun cas un dû, je crois aussi que sans attention et sans réciprocité, c’est voué à l’échec, à plus ou moins à long terme.
J’ai vu des histoires d’amitié mourir par manque d’écoute, des histoires dans lesquelles les échanges glissaient tout doucement vers des monologues, où l’un des deux ne devenait que le réceptacle des histoires de l’autre et où la complicité laissait place à des exigences, des reproches… ça ne peut pas fonctionner comme ça, jamais. Il faut prendre soin des gens qu’on aime, c’est si évident que ça paraît idiot à dire mais c’est pourtant une vérité qu’il ne faut pas oublier.
Et quand ça fonctionne alors là oui, c’est précieux et fort. J’ai eu quelques heures grises ces dernières années, des heures « de peu », de peu et de peur. Dans ces moments-là, j’ai pu mesurer toute la puissance de l’amitié, toutes les fois où j’aurais attendu le soutien d’autres, d’amoureux ou de sœurs, de parents… mes amis ont été là. Ils étaient à la gare lorsque je suis revenue de Suisse, à l’hôpital lorsque je me suis faite opérer, ils m’ont hébergée chez eux avant que je ne trouve un appartement, ils ont déposé des cadeaux sur mon paillasson à Noël ou m’ont invitée à passer le réveillon avec eux, ils ont pris des nouvelles, m’ont encouragée, soutenue, aimée…
Je ne sais pas vraiment où je voulais en venir en écrivant tout ça, probablement nulle part en fait.
Je crois juste que ce matin je me suis faite la réflexion que si les liens du sang m’étaient étrangers, je connaissais en revanche bien ceux du cœur et leur solidité.
Et c’est déjà pas mal.
Ahem.
Voilà voilà…
[Mode guimauve OFF.]

